Notre série d’interview sur les #Doers se poursuit, découvrez ceux qui rendent possible l’innovation en Afrique. Cette fois-ci, c’est Nicolas VONTHRON, CEO de Mama Money qui se livre sur son parcours et les challenges de son entreprise.
Un vrai mordu des communications et économies émergentes.
Je suis Nicolas Vonthron, CEO de Mama Money. J’ai d’abord travaillé en France dans une start- up de télécoms et avec cette première expérience, j’ai commencé à travailler avec la diaspora. J’ai participé au lancement d’une carte universelle prépayée La Poste. J’ai eu la chance de beaucoup voyager par la suite, je suis notamment parti 1 an en Asie (Népal, Inde, Thaïlande, etc.) où j’ai découvert les économies émergentes. Je me suis ensuite occupé des sujets stratégiques dans le groupe Orange pendant 4ans, où j’ai été consultant en Iran, au Botswana puis en Côte d’Ivoire et c’est là que je suis devenu un vrai mordu des communications et économies émergentes. J’ai également découvert les services de mobile money.
J’ai ensuite pris une nouvelle fois mes valises et je suis allé travailler à la GSMA à Londres, autrefois appelée Groupe Spécial Mobile qui est une organisation internationale représentant les intérêts de plus de 750 opérateurs et constructeurs de téléphonie mobile de 220 pays du monde. Je m’occupais de tout ce qui été lié aux problématiques concurrentielles et réglementaires, notamment des problèmes d’interopérabilité des opérateurs et des interconnexions pour pouvoir envoyer de l’argent. J’ai soutenu des projets à Madagascar, au Paraguay, en Tanzanie et en Afrique de l’Ouest. Pour autant, cette expérience n’était pas encore assez concrète, et j’ai vu qu’il y avait beaucoup d’opportunités en Afrique, j’ai donc eu envie de faire autre chose. Alors je me suis jeté dans le secteur de la Fintech et particulièrement une qui était en train de lancer des services de transfert à ce moment-là. Le but était d’offrir à la diaspora la possibilité de recharger les comptes téléphoniques entre Afrique et Europe et de créer des interconnexions des opérateurs pour connecter les comptes mobile money au reste du monde.
Mama Money était l’un de mes clients, et je les ai rejoints en 2018. Mon rôle au départ était d’améliorer le réseau de paiement international (accords, agrégateurs etc.) puis je suis devenu chargé des opérations où j’ai voulu professionnaliser le service client, améliorer les process de développement et développer une stratégie commerciale plus robuste. Lors de la crise Covid, nous avons voulu changer de directive et avoir 3 CEO, dont moi. L’état des lieux de 2021 nous a poussé à nous rendre compte que ce n’était pas un franc succès, j’ai donc repris les rênes de l’entreprise fin 2021.
Un des leaders sur le continent africain en transfert d’argent.
Mama Money, c’est une application mobile très simple qui permet de réaliser des transferts d’argent internationaux, de façon sûre, rapide et fiable depuis l’Afrique du Sud. Si vous voulez envoyer de l’argent au Congo RDC ou au Sénégal, il suffit simplement de télécharger notre application, de s’enregistrer et nous permettons les transferts temps réel sur les wallets comme Vodacom MPesa, Airtel Money ou encore Orange Money. Pour le Zimbabwe, autre exemple, Mama Money est l’option la moins chère du marché et offre un service d’excellence qualité, directement du cash et des USD garantis.
Nous ne sommes pas une entreprise de Fintech classique. Mama Money ne lève pas d’argent car nous avons un business model rentable et durable. Notre différence est marquée par le fait que nous n’avons jamais perdu notre gouvernance, nos valeurs ni même nos objectifs sociaux. Nous avons réussi grâce à l’huile de coude et une vraie agilité. Aujourd’hui nous sommes un des leaders sur le continent africain.
Un réel engagement social avec doublé d’une grande envie de se rendre utile.
Nous avons à cœur d’améliorer la vie des gens issus de la diaspora et des travailleurs sociaux. Nous recherchons constamment comment être utiles aux personnes en difficultés. L’entreprise est sur un social business bien rodé et rempli de bienveillance et nous avons ce besoin d’avoir un vrai impact social et de nous rendre utile. Vis-à-vis de nos clients évidemment, mais aussi de nos employés, qui ont également toute leur importance. C’est important pour moi de leur offrir une sécurité de l’emploi, la possibilité de travailler dans de bonnes conditions et de façon stable. Pour ma part, tout a débuté lors de mes premières expériences, où j’ai commencé à travailler avec la diaspora et j’ai voulu donner, un peu plus à chaque fois, un sens à ce que je faisais.
Une entreprise toujours plus ambitieuse et innovante.
Aujourd’hui Mama Money c’est 130 emplois/personnes et des milliers d’agents sur le terrain et nous couvrons 50 pays avec près de 800 000 clients et des millions de bénéficiaires. Nous offrons des transferts sur l’Afrique, l’Asie du Sud et même vers l’Europe. Pour 2023, nous aimerions créer de l’emploi, accroître les corridors existants et doubler de taille. Nous avons pour ambition de devenir leader de l’Afrique du Sud. Avec la crise climatique, beaucoup de problèmes se posent en Afrique, et nous aimerions anticiper et aider l’immigration à venir : permettre de faire des transferts d’argent et aider les gens à soutenir davantage leur famille. Pour cela, nous allons améliorer l’accès au service et en créer un nouveau : possibilité d’ouvrir un compte en banque avec une carte pré-payée très simple a utiliser. Sur ce compte, des transferts/virements, pourrons être réalisés sans aucun souci. Pour donner un exemple, en France, les comptes Nickel ont ce type de fonctionnement. Nous avons l’objectif d’offrir ce service de compte en banque a des centaines de milliers de personnes et d’une façon innovante : possibilité de le faire via Whatsapp.
Des challenges à titre personnel ?
La direction est en pleine transition, et ce changement n’est pas un challenge dès plus simple. Il faut trouver le bon fonctionnement entre tout le monde et garder une belle cohésion. Ça nécessite d’avoir un état d’esprit orienté vers le changement. L’expansion en Afrique du Sud est un challenge aussi car le contexte n’est pas évident. Il y a beaucoup de changements et le contexte économique est compliqué, c’est un contexte très anxiogène !
Le défi, c’est surtout de savoir rester à la fois optimiste mais aussi réaliste. Il faut être en mesure de savoir faire preuve d’agilité pour très rapidement changer et s’adapter face aux situations nouvelles. Si je prends l’exemple de la crise de liquidité au Zimbabwe en 2017 ou encore le changement de règlementation au Nigéria en 2020, on voit bien qu’il est important d’être souple et réactif.
“Possible.Africa”, à quoi ces mots vous font penser?
J’aime bien (rire). Je trouve que les deux, Possible et Africa, vont bien ensemble. L’Afrique est une terre d’opportunités où tout est possible. Il existe beaucoup de contraintes mais il faut toujours garder un esprit enthousiaste. Pour moi, c’est un réel choix de travailler sur le continent africain car je trouve l’Afrique innovante et passionnante. Il y a une force vive incroyable ici.
On peut voir un changement des esprits chez les jeunes, et cette force jeune arrive avec énormément d’idées innovantes et des manières de faire complètement locales, c’est génial ! Les choses bougent très vite. Avec toutes les révolutions technologiques qui ont été faites et qui vont se faire, il y a un haut potentiel de développement. Et ce que je trouve superbe, c’est qu’on trouve de plus en plus de business avec un réel impact social.
Pour citer un proverbe, je dirai :
«L’homme occidental a la montre mais n’a jamais le temps ».
Ce n’est pas toujours tout à fait vrai, mais je trouve que les mots sont lourds de sens dans notre société obsédée par la vitesse et les réseaux sociaux.
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