Les émissions de carbone du Cameroun sont très faibles, selon les normes internationales. Toutefois, avec l’augmentation des émissions due à l’agriculture animale, le pays doit engranger de nouveaux projets de recyclage et d’énergies renouvelables.
Le gouvernement camerounais prend ses responsabilités environnementales plus au sérieux, et de nombreux projets de recyclage et d’énergie renouvelable sont annoncés ou mis en chantier. Pourtant, selon divers critères, le pays est déjà très performant. Ses émissions de carbone s’élèvent à environ 8,62 millions de mégatonnes par an, selon les chiffres de la Banque mondiale, ce qui se traduit par des émissions par habitant très faibles au regard des normes internationales.
Toutefois, les émissions de méthane du pays sont plus élevées et en augmentation en raison de l’importance de l’agriculture animale. Dès la COP21 de Paris, en 2015, le Cameroun s’était engagé à réduire ses émissions de carbone de 32 % à horizon 2030. Une contrainte : les approches écologiquement durables doivent s’intégrer dans l’ensemble de la politique gouvernementale sans quoi les projets dédiés pourraient être considérés comme une forme de greenwashing.
Yaoundé a cherché à encourager l’agriculture biologique et a élaboré une loi régissant la production biologique. Une part importante de la récolte annuelle du Cameroun est produite sans utiliser de pesticides ou d’autres intrants chimiques, mais n’est pas classée comme biologique en raison de l’absence de contrôles et de certification. De plus, la pollution par les plastiques est depuis longtemps un problème majeur sur le continent, notamment à cause des déchets de sacs en plastique, mais aussi de l’utilisation croissante d’autres récipients, alors que les infrastructures de recyclage sont encore limitées. Le plastique obstrue les canalisations, ce qui aggrave l’impact des inondations et constitue un terrain propice à la reproduction des moustiques. Certaines communautés brûlent leurs déchets, ce qui libère des composés nocifs et contribue également au dérèglement climatique.
Afin de s’attaquer au problème, le gouvernement camerounais construit une usine à Kousseri, dans l’Extrême-Nord, qui recyclera les déchets plastiques en pavés. Cette installation permettra aussi de créer une chaîne d’approvisionnement et de générer des emplois pour les jeunes de la région.
L’accent sur les énergies renouvelables
Le Cameroun progresse également rapidement dans le développement de la production d’électricité à faible émission de carbone, bien que les plus grands projets fassent l’objet de controverses, car ils prennent la forme de grands barrages. Si les grands projets hydroélectriques produisent assez peu de gaz à effet de serre, leur construction a un impact certain sur la flore et la faune, ainsi que sur les populations locales. Généralement, ils ne sont pas définis comme des projets d’énergie renouvelable.
Le plus grand chantier en cours est celui de Nachtigal, d’une puissance de 420 MW, dont la première production d’électricité, retardée pour cause de pandémie, est prévue pour la mi-2023. Situé à 65 km de Yaoundé, il est développé par Nachtigal Hydro Power Company, qui est elle-même détenue par le français EDF, la SFI (Banque mondiale), Africa50 et STOA Infra & Energy. Le coût du projet, qui s’élève à 786 milliards de F.CFA (1,2 milliard d’euros), comprend le coût des nouvelles lignes de transmission, qui sont développées par Bouygues Energies & Services. Ces grands projets sont souvent critiqués parce que les zones dans lesquelles ils sont développés subissent tout l’impact du chantier mais le plus souvent, ne reçoivent pas l’électricité ! Dans ce cas, une petite centrale de 4,5 MW fournira de l’électricité aux communautés situées à proximité immédiate du barrage.
Nachtigal pourrait être éclipsé par le grand projet hydroélectrique de 600 MW de Chollet, s’il est finalement construit. En avril 2021, les gouvernements du Cameroun et du Congo-Brazzaville ont accordé à China Gezhouba Group une concession pour développer le projet sur la rivière Dja, le long de leur frontière commune, la production devant être partagée entre les deux pays. Le chantier devrait être achevé d’ici à2025, mais peu de détails ont été communiqués. Ailleurs au Cameroun, le gouvernement cherche à obtenir un financement de la banque chinoise Exim Bank pour la centrale hydroélectrique de 72 MW de Menchum dans le Nord-Ouest, tandis que les travaux sur le barrage de 30 MW de Lom Pangar dans l’Est, sont presque achevés.
Les micro et petites centrales hydroélectriques entrent dans la définition des énergies renouvelables et plusieurs nouveaux projets sont en cours de développement au Cameroun. Tel est le cas de la mini-centrale hydroélectrique de Mbakaou (1,48 MW), achevée en avril 2022. Développée dans le cadre d’un partenariat public-privé entre le gouvernement, la société française IED et la compagnie d’électricité Eneo, la centrale a été construite sur la rivière Djérem, un affluent de la Sanaga dans la région de l’Adamaoua.
D’autres projets visant à construire les premières grandes installations solaires du pays ont été approuvés. En décembre, le promoteur Scatec a signé des accords avec Eneo pour construire une centrale photovoltaïque de 36 MW avec une capacité de stockage de 20 MW, d’ici la mi-2022. Les coûts de construction et d’exploitation des centrales solaires photovoltaïques ont rapidement chuté dans le monde entier, ce qui en fait une option bon marché pour les économies africaines et le moyen le plus évident de concevoir une production d’énergie décentralisée.
La technologie de stockage de l’énergie est à un stade de développement moins avancé, de sorte que le Cameroun sera l’un des premiers pays africains à se doter de centrales de stockage. Toutefois, là aussi, les coûts sont en baisse et le stockage est essentiel pour garantir des taux de pénétration élevés de l’énergie solaire.
Les ressources solaires du Cameroun sont concentrées dans l’Extrême-Nord, où l’irradiation solaire moyenne s’élève à 5,8kWh/m2/jour, contre 4,0-4,9kWh/m2/jour dans le sud du pays, de sorte que de nouvelles infrastructures de transmission seront nécessaires pour permettre aux projets de bénéficier à l’ensemble des Camerounais.
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