Une série d’interview sur les #Doers, découvrez ceux qui rendent possible l’innovation en Afrique. Dans cet article, c’est Mathias Léopoldie de la fintech Julaya qui nous partage sa vision et ses réalités.
Parcours d’un entrepreneur de la fintech
Mathias Léopoldie, je suis le cofondateur et CEO de Julaya, qui est une fintech qui offre des solutions de digitalisation des transactions en Côte d’Ivoire, au Sénégal et bientôt au Togo, Bénin, Burkina Faso. Après avoir fait des études d’école de commerce et une école de science politique à Paris, j’ai travaillé pendant 2 ans en Afrique de l’Ouest pour la Fintech française LemonWay Africa avant de lancer Julaya en 2018.
Digitaliser les transactions des entreprises en Afrique
Depuis maintenant quatre ans, on propose aux entreprises et insitutions une solution de gestion des paiements qui permet de faire des transactions vers tous les opérateurs mobile money sur nos marchés. Entretemps, nous avons lancé des cartes bancaires à usage corporate. Et dernièrement, nous avons lancé une solution d’encaissement qui permet aux entreprises de collecter de l’argent en espèces de n’importe où en Côte d’Ivoire et au Sénégal, et de remonter les fonds immédiatement sur leurs comptes bancaires. Notre priorité est de fournir à nos clients l’expérience des services financiers qu’ils ont toujours recherchée : facile, qualitative et disponible.
Le mobile money comme fer de lance
Le mobile money est une innovation majeure de cette dernière décennie en Afrique. Aujourd’hui, une grande part de la population a un compte mobile money pour faire ses transactions sur son téléphone. Ce qui est très bien pour l’informel et les particuliers. Mais on s’est demandé comment les entreprises, qui sont bancarisées, vont faire pour payer des salariés ou fournisseurs sur leurs comptes mobile money. Julaya qui veut dire “commerce” en Bambara est la rencontre en ligne pour les entreprises qui ont besoin de digitaliser leurs transactions. En plus d’impacter la digitalisation des entreprises sur toute la gamme de produits financiers, notre ambition est de contribuer à la croissance durable du continent, notamment dans le cadre de la transition énergétique.
Une ambition régionale pour les prochaines années
Nous avons prévu de déployer les services de Julaya au Bénin, au Togo et au Burkina Faso durant les prochains mois. Et bientôt, nous proposerons des prêts en partenariat avec notre banque sponsor. Nous avons également lancé des pilotes de financement d’actifs verts dans l’électro-mobilité (véhicules électriques) pour nos clients.
Une croissance annuelle de 500%
Aujourd’hui, Julaya c’est plus de 1 000 utilisateurs actifs en Côte d’Ivoire et au Sénégal, 131 000 euros de chiffre d’affaires en 2021, un chiffre d’affaires projeté à 800 000 euros en 2022, et une croissance annuelle de 500%. Nous prévoyons des ouvertures pays qui nous donnent accès à un marché de plus de 22 000 PME dans la zone UEMOA avec plusieurs caractéristiques structurelles similaires (une intégration économique, monétaire et juridique) aux pays dans lesquels nous sommes déja implantés.
S’inspirer des marchés anglophones
La fintech attire la majorité des investissements sur le continent Africain (plus de 40%) car c’est le poumon de l’économie digitale : sans les paiements et le crédit, aucun secteur économique ne peut fonctionner. Les challenges sont à l’image de l’ampleur de la tâche : des problématiques réglementaires à la fraude en passant par les enjeux
d’infrastructures techniques, ce ne sont pas les défis qui manquent.
Je suis beaucoup inspiré par les marchés anglophones qui sont très dynamiques, avec des sociétés comme Paystack, Cellulant, FairMoney, etc. Je pense que l’écosystème fintech n’est encore qu’à ses débuts, et nous allons avoir une nouvelle révolution dans les usages, notamment en ce qui concerne l’adoption des cryptomonnaies et des monnaies digitales de banque centrale. Le Nigeria, peu le savent, a lancé il y a peu sa monnaie digitale l’e-naira…
“Possible.Africa”, à quoi ces mots vous font penser?
Ces mots sont assez transparents et un joli contre-pied à l’afro pessimisme. Comme le dit très bien un proverbe Baoulé, “la poule connaît l’aube, mais elle attend le chant du coq” : c’est important d’avoir des médias comme le vôtre pour promouvoir l’énergie positive de l’écosystème startup ainsi que l’impact socio-économique de l’entrepreneuriat sur le continent.
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