L’entreprenariat féminin sur le continent connaît une dynamique particulièrement positive.
Toutefois, il demeure une marge de progression considérable en ce qui concerne l’inclusivité des femmes dans ce domaine. De la création d’entreprise et la capacité collective à rendre pérenne leur activité. « L’entreprenariat au féminin en Afrique » : tel a été le thème de la 4eme édition d’AfricaDays. Un évènement organisé le 11 Mai dernier par HES Paris en partenariat avec « Share Africa », auquel ont participé Rebecca Enonchong (fondatrice & directrice de Appstech, présidente d’ActivSpaces), Laureen Kouassi-Olson (fondatrice & CEO de Birimian Ventures), Mbasse Sene (Fondatrice & Directrice de FOX Multiservices), Esther Dassanou (Coordinatrice du programme ‘Discrimation positive en matière de financement pour les femmes d’Afrique » de la Banque Africaine de développement) et Christian Kamayou (Fondateur de MyAfricanStartUp); modéré par Daniel Brown, HEC Paris (Chef édition à HEC Paris) et Kadissatou Cherif (Directrice exécutive de Share Africa).
Les différents écosystèmes africains font-ils la part belle aux femmes entrepreneurs ? Au premier abord, on serait tenté de répondre par l’affirmative. Le dernier rapport établi par la Fondation Women in Africa Philanthropy, en collaboration avec le cabinet de conseil Roland Berger, révèle en effet que l’Afrique affiche le taux de femmes entrepreneures le plus élevé de la planète, soit 24%. À titre de comparaison, l’Asie du Sud-Est & la région du Pacifique n’ont enregistré qu’un taux de 11 %. Le Moyen-Orient et l’ensemble géographique « Europe – Asie centrale » obtiennent également des scores très bas, avec respectivement des taux de 9% et 6%. Dans le cadre de cette étude, les pays africains issus de la sphère anglophone représentent les chefs de file, à l’instar de l’Afrique du Sud, le Botswana, le Ghana, le Kenya, le Nigeria ou l’Ouganda .
D’après la Banque mondiale, la population africaine devrait passer de 1,1 milliard à 2,4 milliards d’habitants en 2050. La démographie absorbe près des deux tiers de la croissance du continent et impacte singulièrement le développement enregistré ces 15 dernières années. Par ailleurs, l’administration ou les grandes entreprises ne sont pas en capacité, à elles seules, d’absorber les quelque 11 millions d’actifs qui arrivent chaque année sur le marché du travail africain, selon la Banque mondiale. Toutefois, contrairement aux idées reçues, selon le dernier rapport du Global Entrepreneurship Monitor (GEM), créer son entreprise relève davantage de l’opportunité que de la nécessité, y compris en Afrique.
Alors que le continent expose sa créativité à travers ses fintech, ses startups en agritech, en edtech ou en e-santé, levant des fonds auprès de bailleurs multilatéraux à la recherche de la prochaine licorne, l’essentiel de l’entrepreneuriat est encore constitué par une multitude de commerçants et d’artisans qui progressent à vue, dans l’informel, en proie à des crises protéiformes. La proportion d’emploi informel et de ses composantes dans l’emploi total est variable d’une région à une autre, mais elle demeure importante, passant de 40,2 % en Afrique australe, à 67,3 % en Afrique du Nord et à plus de 90 % en Afrique centrale, orientale et occidentale, selon l’Organisation international du Travail (OIT).
Un entrepreneuriat dynamisé par les femmes
Afin de transformer le potentiel démographique en opportunités économiques, pouvoirs publics, acteurs privés et partenaires multilatéraux développent à marche forcée, de nouvelles initiatives pour structurer l’entrepreneuriat en Afrique. Le continent est d’ailleurs le recordman mondial de l’entrepreneuriat féminin. Elles sont 27% à créer leur entreprise en Afrique, selon le GEM, alors que 70 % d’entre elles n’ont pas accès aux financements.
L’un des principaux défis rencontrés par les entreprises se situe au niveau des fonds d’amorçage, car, entre les projets qui nécessitent des microcrédits et les opérations à plusieurs millions de dollars qui font intervenir les acteurs de l’equity, les solutions de financement pour les PME restent à inventer.
Pourquoi est-il si difficile de sortir d’une surévaluation du risque associée au continent alors qu’en termes d’épargne de l’extérieur, l’Afrique reçoit dans l’absolu, cinq fois plus de fonds, qu’au début des années 2000 et qu’elle enregistre depuis deux décennies, une croissance annuelle 3 fois supérieure à celle de l’Europe ?
« La meilleure façon de créer de l’emploi, est d’encourager les petites entreprises », expliquait Jack Ma, le tycoon chinois, aux étudiants africains, à l’occasion de l’Africa Netpreneur Prize (ANPI) de la fondation éponyme, partant du principe que le risque reste inhérent à l’entrepreneuriat…
La diaspora au cœur des projets transnationaux
Le rôle des diasporas africaines est aujourd’hui placé au cœur des attentions, car en chiffres, les fonds qu’ils envoient chaque année sur le continent, représentent dans certains pays fragiles, jusqu’à un tiers du PIB, selon la Banque mondiale. La pandémie a fait chuter de 20% les fonds envoyés en Afrique, qui se sont établis à 445 milliards de dollars en 2020 contre 554 milliards en 2019. Néanmoins, cette manne financière reste considérable, d’autant plus que nombreux sont les membres de ces diasporas africaines, à nourrir un projet de retour entrepreneurial sur le continent. Aussi, les autorités publiques tout comme les acteurs privés ou les partenaires multilatéraux multiplient les initiatives pour les accompagner, et faciliter l’orientation d’une partie de ces fonds dans l’économie formelle. Le prochain Sommet Afrique-France sera d’ailleurs largement consacré à l’entrepreneuriat, avec le concours du Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA).
Du programme européen MEETAFRICA à l’initiative « Choose Africa » en passant par l’annonce le 18 mai dernier, d’une nouvelle Alliance pour l’Entrepreneuriat par le président Emmanuel Macron : l’Afrique des entrepreneurs a le vent en poupe. Le 12 juillet à 15H GMT, le prochain CONNECT 54′ organisé par La Tribune Afrique reviendra sur le thème de « l’Afrique des entrepreneurs : défis et opportunités, à l’heure de la Covid-19 », avec des personnalités de haut niveau et des entrepreneurs du continent.
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